Adopter un chien peut être dangereux s'il est maltraité ou s'il a un traumatisme antérieur à l'adoption.
La SPA prévient tous les futurs maîtres et fait subir des tests aux animaux avant de les confier à un foyer, explique Valérie Fernandez, responsable communication de la SPA.
Sélectionné et édité par Melissa Bounoua
Le chien qui a agressé la petite fille lundi a été adopté dans un refuge indépendant qui n’est pas rattaché à l’association historique SPA créée en 1845.
Le refuge de Boulogne-sur-Mer est un refuge indépendant, affilié à la Confédération Nationale des SPA de France, dont le siège social est à Lyon, et ne fait pas partie du réseau de 56 refuges que gère la SPA, Société Protectrice des Animaux.
Pour adopter un chien dans l’un de nos 56 refuges, il faut d’abord que le chien ait subi une batterie de tests vétérinaires et comportementaux.
Le délai de mise à l’adoption, entre l’arrivée de l’animal en refuge et sa mise à l’adoption dépend de ces tests.
Il y a un délai moyen de trois mois entre le moment où nous recueillons le chien, après abandon ou à la sortie de la fourrière, et le moment où il peut être adopté par une famille.
La SPA vérifie l'état de santé et le comportement des animaux
Dans un premier temps, il subit des tests vétérinaires pour vérifier son état de santé, identifier des éventuels problèmes.
Les chiens sont stérilisés (pour les femelles), castrés (pour les mâles), et les vaccins sont mis à jour.
Un bilan alimentaire est également réalisé afin de savoir si l’animal a besoin d’un suivi particulier.
Il arrive en effet qu’ils soient très maigres et qu’il faille les faire suivre un régime plus riche.
S’il est très craintif, le surveiller car il y aura des risques de diarrhées.
Une personne promène son chien - flickR - cc - morguefile
Il faut aussi faire attention à son état de stress car la vie en refuge est difficile, les animaux sont nombreux, il y a l’esprit de meute qui peut rendre son séjour plus stressant.
Pour les chiens dit "de catégorie" qui sont considérés comme plus dangereux, d’après la loi du 20 juin 2008, nous avons interdiction de prendre en refuge les chiens classés en catégorie 1.
Pour les autres catégories, le vétérinaire fait l’évaluation comportementale du chien.
Cette évaluation obligatoire sera remise au futur propriétaire.
Celui-ci doit également se mettre en conformité avec la loi en obtenant une attestation d’aptitude du maître.
Au cours de la formation de 7 heures, auprès d’un formateur habilité par la Préfecture, on lui expliquera les principes d’éducation et de comportements canins.
Le chien recueilli en refuge subit aussi des tests de comportements.
Pour cela, nous les testons, en présence d’adultes, de mâles, de femelles, de chats… afin d’observer leurs réactions.
Est-ce que le chien supporte qu’on le manipule ?
Que l’on arrive vers lui par derrière ?
Et en fonction de ces tests, on évalue à quel type de famille nous pourrons confier l’animal, pourra-t-il supporter la présence d’enfants...
Nous avons aussi des équipes de bénévoles qui sortent les chiens et qui dressent des bilans à la fin de chaque promenade : s’il y a eu problème, si un chien ne supporte pas d’être tenu en laisse par exemple, s’il n’est pas réceptif quand on lui parle, son comportement s’il croise un autre animal…
A l’issue de ces tests, un dossier sur l’animal est constitué, ce qui nous permet de dresser un bilan et d’indiquer devant chaque cage les caractéristiques de l’animal : s’il est sociable, s’il supporte la présence d’enfants, d’adultes, d’autres animaux, s’il est craintif ou s’il a un régime alimentaire particulier.
Cela permet à l'adoptant de se faire une première idée.
Un agent animalier va ensuite discuter avec le potentiel adoptant afin de déterminer si les conditions d’accueil sont optimales.
Quelles sont les conditions et le rythme de vie ?
Est-ce que le chien sera accueilli dans une maison ?
Y a-t-il un jardin ?
Que fera la famille en cas de départ en vacances ?
On leur explique également que l’animal a un coût : son alimentation, les visites chez le vétérinaire, que ce n’est pas une peluche et qu’il faudra le sortir, dans le cas d’un chien, très régulièrement, quel que soit le temps.
Un rottweiler dans une cage d'un refuge de la SPA à Brignais le 10 janvier 2008 - AFP / F. DUFOUR
L’animal est ensuite sorti dans un parc avec les potentiels adoptants pour jouer et savoir s’il est "compatible" avec la famille.
Tous les membres doivent être là, si les enfants ne sont pas là par exemple, ils devront revenir.
Un chien n’est pas confié tant qu’il n’a pas été au contact de toutes les personnes avec lesquelles il vivra.
L’adoption est un acte réfléchi et tous les membres de la famille doivent être associés à cette décision.
La SPA se réserve le droit de refuser si cela se passait mal.
Nous sommes pour des adoptions raisonnées et raisonnables, pas pour des placements à tout prix.
Mais un animal reste un animal, il faut toujours faire attention, s’il a un traumatisme antérieur, il peut changer rapidement de comportement.
Il y a quelques règles à respecter, ne pas s’attaquer à un chien qui dort, ne pas l’enfermer, le nourrir régulièrement.
Un chien qui ne mange pas pendant très longtemps devient un chien dangereux.
Un chien n'est pas un jouet
Nous assurons donc un suivi des chiens adoptés.
Une visite post-adoption avec un conseiller animalier est obligatoire entre trois et six mois après l’adoption afin de vérifier que le maître n’a pas de problème avec l’animal mais aussi que l’animal est bien traité.
Cela permet souvent d’aider les propriétaires et d’éviter les abandons lorsqu’il y a des problèmes les premiers mois. Un rendez-vous avec un éducateur canin peut le résoudre.
Et dans le contrat d’adoption il y a une mention qui explique que la SPA se réserve le droit de retirer le chien en cas de mauvais traitement.
Mais cela arrive rarement. Sur les 38.000 chiens placés par la SPA chaque année, le nombre de chiens retirés est minime.
Les problèmes de morsures violentes de ces dernières années devaient être diminués grâce à la loi de 2008 sur les chiens dits dangereux, ou "de catégories".
En réalité, on voit que les derniers cas ne sont pas liés à ces types de chiens-là.
Cela a malheureusement engendré une série d’euthanasies massives, plus que cela n'a réglé le problème véritablement.
Il faut surtout que les propriétaires de chiens réalisent qu’ils ont des responsabilités quel que soit l’âge ou le type de l’animal.
Avoir un animal de compagnie est un bonheur de tous les jours, mais il faut savoir s’en occuper et toujours le considérer comme un animal et pas comme une peluche ou un jouet !
Auteur parrainé par Melissa Bounoua
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/174923;non-adopter-un-chien-n-est-pas-dangereux.html