Des chiens. /Photo DDM archives,
J.-A. Lahocsinszky
« Ils aboyaient pas tout le temps. C'étaient des petits chiens pas méchants », confie, larmoyante, la propriétaire de cette maison lourdaise transformée en chenil.
Le voisinage a porté plainte.
La direction des services vétérinaires a enquêté.
Un inspecteur des installations classées a tenté, à trois reprises, de contrôler l'établissement.
En vain, le compagnon de la propriétaire lui en a interdit l'accès. L'inspecteur a dressé des procès-verbaux.
Le préfet a pris un arrêté indiquant au couple ami des chiens qu'il avait jusqu'au 12 octobre pour ne plus garder que 9 chiens.
Au-delà de ce chiffre, il s'agit d'une installation classée soumise à déclaration et à autorisation des services de l'état.
Or, le couple a eu jusqu'à plus de 50 chiens.
Plus une dizaine de chats.
« Ce n'était pas un élevage. On gardait les chiens d'autres personnes, pour rendre service », explique le prévenu.
« Pourquoi ne vous êtes-vous pas séparé de ces chiens en temps voulu ? », interroge le président.
« Le tribunal m'a condamné pour avoir vendu des chats. On m'a interdit de faire du commerce. »
Le président rétorque : « Il ne s'agissait pas de les vendre, mais de les donner ».
Consanguinité des animaux
La procédure judiciaire pour trouble à l'ordre public conduit au placement de tous les chiens et chats à la SPA d'Azereix.
La Société protectrice des animaux - partie civile aux côtés de voisins du couple - demandent rien moins que 17.472 € de frais de pension et 12.922 € de frais de vétérinaire.
Qu'est-ce que ça coûte cher ces bêtes !
Jean-Luc Puyo, vice-procureur, qualifie cette affaire de « particulièrement sordide… La DSV a relevé la consanguinité des chiens et l'état préoccupant de ces animaux ».
Pierre Correard, avocat du prévenu, bombe sa carrure de bull-dog et montre les crocs d'emblée contre le vétérinaire qui a soigné les chiens : « Le docteur Florence Mathieu, présidente de la SPA.Et on nous reproche de ne pas avoir tatoué les chiens. Est-ce qu'il ne s'agit pas d'une faute professionnelle ? »
Puis, il poursuit. Les mauvaises odeurs ?
« L'égout était rompu devant la maison de mes clients et les excréments devant chez eux, c'étaient ceux de tout le monde. »
Après ce passage nauséabond, il plaide l'affectif : « On a affaire à des gens du peuple, victimes de leur bon cœur ».
Il précise ensuite que l'arrêté préfectoral ne dit pas de confier les chiens à la SPA mais seulement de ne pas en avoir plus de 9.
« La police et la SPA sont venues le 11. Pourquoi on n'a pas attendu le 12 ? ».
Pierre Corréard demande la relaxe pour son client et la restitution de 9 chiens et de tous les chats.
Me Joseph Mesa, conseil de la propriétaire de la maison, demande également la relaxe.
Il plaide que sa cliente n'a pas « provoqué des nuisances sonores de manière intentionnelle ».
Me Mesa se dit par ailleurs choqué que « la SPA vienne battre monnaie devant le tribunal ».
Le prévenu a été condamné à 3 mois avec sursis et 1.200 € d'amende.
Le tribunal a ordonné la confiscation des animaux.
Les deux prévenus sont condamnés conjointement à 4 mois avec sursis.
Les demandes de la SPA ont été jugées irrecevables.
Celles des autres parties civiles ont été reçues.
http://www.ladepeche.fr/article/2011/12/17/1241921-la-maison-etait-transformee-en-chenil.html