Une bataille sans fin... Voilà ce que craignent les apiculteurs du Poitou-Charentes.
Une quarantaine d'entre eux ont manifesté hier matin devant la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf) de Poitiers avec le soutien, par communiqué, de Ségolène Royal, présidente du conseil régional.
La députée des Deux-Sèvres, Delphine Batho, a pour sa part relayé les inquiétudes des apiculteurs auprès du ministre de l'Agriculture.
Au coeur de leurs revendications : l'autorisation de mise sur marché du Cruiser 350.
Cet insecticide, produit par Syngenta, peut être utilisé pour la campagne 2011 de semis de maïs qui a déjà commencé.
400 colonies perdues cet hiver
Pour les apiculteurs, c'est la principale cause de surmortalité des abeilles.
« On assiste juste à un tour de passe-passe de Syngenta, déplore Francis Chauvancy, apiculteur à Saint-Lin, commune de Gâtine dont il est aussi le maire. Le 19 février dernier, le conseil d'État a suspendu la commercialisation du Cruiser. Syngenta a juste changé le nom pour ouvrir un nouveau dossier. »
Les éleveurs d'abeilles demandent l'interdiction, sur toutes les cultures, des insecticides de la famille des néonicotinoïdes dont fait partie aussi le Gaucho.
« Ils agissent sur le système nerveux des abeilles, fulmine Gérard Thoreau, 54 ans, apiculteur à Limalonges. Elles se retrouvent désorientées, ne butinent plus. »
Cet hiver, l'apiculteur a perdu 400 de ses 800 colonies d'abeilles.
« La moyenne des pertes par apiculteur est de 35 % chaque année, contre 5 % avant 1997 et l'entrée en vigueur des insecticides néonicotinoïdes », reprend Francis Chauvancy.
Mais chez Syngenta, on met en avant d'autres facteurs pour expliquer ces surmortalités : « Le manque de diversité dans l'alimentation des abeilles, l'acarien varroa ou la maladie la nosemose », détaille Laurent Péron, directeur de la communication.
Et le Cruiser ? « Il est utilisé depuis trois ans sur 1 million d'hectares de maïs sans que les autorités françaises n'aient mis en cause le produit. »
Les apiculteurs de Poitou-Charentes ne décolèrent pas.
« Et si le Cruiser est autorisé sur le colza, c'est la fin de la profession », estime Francis Chauvancy.
Hier, il a fait passer ce message à Johann Leibreich, directeur adjoint de la Draaf.