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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 12:35

http://www.taptoula.com/wp-content/uploads/2008/02/anti-corrida.jpg



Le but de cet article est de mettre en lumière combien la corrida mérite d’être érigée sur un triple piédestal pour son caractère emblématique de la violence hégémonique humaine. I

l suffit simplement pour cela d’affecter au taureau trois incarnations différentes.

 

Considérons le tout d’abord comme un représentant incontestable du monde de l’animal d’élevage.

On élève aux quatre coins du monde des animaux pour leur fourrure.

Ils sont toujours maintenus en vie dans des conditions épouvantables de promiscuité, d’hygiène ( dans leurs excréments ) , affamés, assoiffés, non soignés, automutilés et finalement tués de manière expéditive quand ils ne sont pas dépecés vivants, ce qui est fréquent.


C’est d’une atrocité extrême, mais l’industrie de la mode justifie cette abomination par le produit vestimentaire issu de cette pratique que la demande reconnaît comme un bien de consommation.


Et la rentabilité économique du processus est le moteur de toute la barbarie mise en œuvre.

Pourtant, la plupart des gens sont conscients qu’il n’y a nul besoin de fourrure pour avoir chaud en hiver, même dans les contrées aux climats les plus rudes et la spécificité si sanguinaire de ces tenues leur confère un caractère esthétique plus que douteux.


Mais il y a des personnes pour y trouver une raison utilitaire.


Que dire encore de ceux élevés pour être suppliciés par les laboratoires de recherche ? Y a-t-il un moyen d’y penser sans baisser les yeux ?


Même des militants ayant fait le choix de refuser les traitements médicaux pour ne pas en être complices sont capables de préférer ignorer que de tout savoir tant la souffrance infligée sur les paillasses, d’une injustice inique, y est à son comble.


Mais la plupart d’entre nous, dans la maladie, nous féliciterons d’être soignés sans songer aux victimes collatérales.


Néanmoins, tant d’immenses enjambées pourraient cependant d’ores et déjà être effectuées vers tellement moins de souffrance que l’on peut sine die condamner sans appel l'immense disproportion cardinale de ces morts pour la médecine, torturés pour rien.


On assiste par ailleurs à un développement inexplicable de l’abattage rituel où l’écart entre le nombre d’animaux tués dans l’agonie et ceux vendus comme tels ne cesse de croître effroyablement.


Tous les consommateurs de viandes sont amenés à en manger sans le savoir, alors qu’il s’agit d’une pratique interdite sauf par dérogation au motif cultuel.


Pourtant, en réalité, aucune des deux religions concernées n’a lieu d’imposer ce carnage pour se conformer strictement à ses textes sacrés, surtout que leur lecture dans l’esprit plutôt que dans la lettre impose immédiatement de le réprouver sans condition ; quel paradoxe !


D’ailleurs, pour être tout à fait complet sur la souffrance inutile des animaux élevés pour l’alimentation, ajoutons que de plus en plus de gens commencent à être informés que l’origine des protéines n’a aucune importance pour leur équilibre et découvrent facilement lorsqu’ils s’en inquiètent que leur physiologie, comme celle des autres primates, fait de la viande un souci pour leur santé plutôt qu’un avantage.


Mais même les animaux qu’on adore, ceux élevés dans ce but, pour l’amour à donner et à recevoir, subissent quantité de maltraitances allant de la simple négligence jusqu’à la condamnation à mort, sans parler des actes de brutalité volontaires et parfois mortels qui se sont d’ailleurs récemment multipliés.


Tout simplement parce que n’importe quel irresponsable peut se procurer un animal de compagnie dans une jardinerie quelconque sans la moindre exigence que de pouvoir l’acheter.


Aucune loi n’est appliquée en la matière, et même les affaires médiatisées pour le choc que leur paroxysme provoque aboutissent à des peines de justice dérisoires.


De nos jours, ce secteur est en pleine crise car les refuges débordent et se transforment irrémédiablement en abattoirs à la chaîne.


Pourtant, c’est si bon l’amour inconditionnel d’un chien qui donnerait sa vie pour vous et vous comprend d’un regard, ou les câlins ronronnant d’un chat qui s’abandonne les yeux fermés de plénitude ; et si mignon tous ces rongeurs qui passeront leur vie entière à mourir lentement d’ennui derrière des barreaux d’indifférence.


Et les exemples sont encore nombreux – animaux de cirque privés de toutes leurs plus élémentaires prérogatives et domptés dans la violence, gibier élevé pour être tiré sitôt libéré etc…- mais la corrida les transfigure tous au mieux.


http://terresacree.org/images/Corrida.jpg


En effet, la corrida, elle, n’a justement rien d’autre à vendre précisément que la gratuité parfaite des mortelles souffrances infligées.

Il n’y a aucun produit dérivé de cette souffrance à consommer.

Le produit vendu, c’est explicitement la souffrance elle-même, avec toute sa mise en scène.

Même dans les combats de chiens ou de coqs, tout aussi inexcusables et cruels, il y a un enjeu : savoir lequel des deux protagonistes va l’emporter, et parier sur l’un d’eux.


Mais dans la corrida, c’est l’absolue inanité de l’acte, l’inexorable fatalité de son issue (  les très rares taureaux graciés sont tués en coulisse peu après ) et l’inflexible rapport de domination de l’homme sur l’animal qui dessinent toute l’étendue du tableau mis en spectacle.


La palette des figures imposées qui s’enchaînent dans la liesse n’a aucune autre fonction que de narguer la condition de la victime en révélant toute l’insignifiance de ses efforts éperdus pour quitter ce cauchemar inédit et insaisissable où il est mené à s’enfoncer souffle après souffle, à l’instar des divers épieux qui mutilent inlassablement sa chair et toute velléité.


On l’a fait naître, sélectionné, entretenu avec des centaines d’hectares de pâturage à consacrer et des quintaux de granulés à stocker et des tonnes d’eau à gaspiller, et enfin transporté de région en région sans strictement aucune autre fin que de précipiter la sienne dans une fresque antique dont le seul but est de décrire avec souplesse et volupté comme c’est facile et presque risible, à force d’être amusant.


Mais attention ! Bien sûr, pas d’un seul coup ; non, avec tout l’art de la corrida, celui dont le sens ne saurait un instant s’extraire de l’expression " l’art et la manière " : une sorte de science ou de métier qui laisse le temps de voir la mort s’imposer à pas feutrés, inéluctablement.


La finalité n’est pas l’instant de la mort mais sa conception, qui permet de montrer comme l’animal abaissé au rang de jouet est à la merci de son bourreau non seulement pour périr, mais aussi pour subir sans autre limite que l’ultime tous les sévices qui l’y conduisent.


C’est pourquoi la corrida et ses banderilles méritent vraiment mieux qu’aucun des autres abus présentés plus haut le titre d’effigie de la violence et des martyrs inutilement imposés aux animaux domestiques.

 

Faisons maintenant du taureau un élément du vivant non humain ; un membre du règne animal, certes, mais comme représentant de la faune dans son ensemble, elle-même sous-ensemble interactif de toute la biosphère.


Symptomatiquement, les grands cétacés sont exécutés d’une façon très semblable aux bovidés dans les arènes : avec des dards dans la chair qui les épuisent assez pour qu’ils puissent finir ouverts vivants sur les ponts, pourfendus par de grandes lames.


Les baleines sont tuées pour leur chair, contrairement aux propos de certains discours internationaux dont l’outrancière hypocrisie, dénuée de toute prétention de convaincre, est un scandale planétaire.


On massacre également illégalement des dauphins, des éléphants, des rhinocéros, des hippopotames, des fauves ou des grands singes et tant d’autres espèces.


Mais des grands singes, comme les orangs-outangs  meurent également de faim.


En effet, la plupart des espèces qui disparaissent de la surface terrestre,  causant ainsi non seulement un irréparable dommage à la biodiversité - un patrimoine hérité de 3 milliards d’années d’évolution qui devrait valoir pour lui-même et toute sa splendeur - mais également une insondable menace sur le fonctionnement biologique global de l’écosystème mondial, s’éteignent par destruction de leur habitat.


Que les forêts soient dévastées pour l’exploitation irrépressible de leur bois, ou pour planter des palmiers à huile ou du soja ou bâtir des routes, que les rivières soient souillées par des polluants ou dévitalisées par des barrages, que des océans soient étouffés par des marées noires, l’acidification, la désoxygénation ou le réchauffement de leurs eaux, que des lacs disparaissent par pompage ou désertification climatique etc…, tout cela n’arrive que par l’extraordinaire et insatiable propension de l’homme à s’attribuer le droit de mort sur le reste de l’univers vivant pour son bénéfice personnel, sans compter.


Et la tauromachie est ici encore une parfaite illustration de la coercition exercée par l’homme à disposer des autres êtres vivant à sa convenance.


La fin tragique de l’animal est inexpugnable et toute la subtilité de la gestuelle consiste à le réduire à l'état d’objet parfaitement maîtrisé, à étaler toute l’implacable domination de la supériorité intellectuelle et technique de l’homme sur la bête et sa force, si vaine, sa majestueuse puissance, armée et impétueuse, réduite à tant de contorsions stériles, à tant d’essoufflements gaspillés en pure perte, et sa stature si imposante et gorgée de vie emmenée à tant d’anéantissement qu’elle en attend le trépas sans plus pouvoir bouger.


Aussi cyniquement que tout le reste de la nature, dans notre sillage, part en fumée de nos usines, de nos pots d’échappement et de nos cuisinières, la suprématie de l’homme sur son environnement lui ayant fait repousser tous les obstacles à son expansion incontrôlable en brisant tant d’équilibres par l’efficacité de ses neurones, l’être sauvage prisonnier du cirque de sang ploie sous l’écrasante inégalité du combat en mettant toute sa fougue à se défendre, ‘‘bête-ment’’, juste comme il peut, pour finalement mordre la poussière et s’éteindre sans force ; exactement à l’instar de ces manchots qui meurent d’aller chercher toujours plus loin les repas de leur poussins, parce qu’on a vidé l’océan de ses poissons : dignement, dans l’impuissance et l’exténuation.


Mais faut-il s'y résoudre ?


Sans évoquer ici tous les risques encourus par les humains - pour le moment encore le plus souvent confinés à des contrées ou des castes lointaines hors de portée de nos consciences tv-guidées par le pouvoir économique ( car il y a déjà des millions morts écologiques, ne serait-ce que par la pollution de l’air et des eaux, ou encore les conséquences du réchauffement climatiques ) et bientôt sans doute multitude catastrophique indénombrable - doit-on vraiment accepter de devenir pour toute la nature la dernière cause d’extinction massive ?


Une grande partie des dizaines d’espèces – tout règne confondu - qui disparaissent chaque jour sous le joug de notre folie destructrice n’a pas même encore été répertoriée !


A-t-on le droit de l’accepter ?


Car c’est un patrimoine d’une valeur plus qu’inestimable, elle est infinie !


C’est l’Histoire de la vie dont on fait l’autodafé !

Mais comment seulement envisager de sensibiliser les jeunes générations à l’urgentissime besoin de responsabiliser le comportement humain et leur donner le goût de respecter le vivant si l’on n’est même pas capable de proscrire un contre-exemple aussi hurlant de mépris définitif et sinistrement impitoyable de l’ascendant de l’homme sur les autres créatures de ce monde que celui de la corrida ?!


Il est déjà trop tard pour tant d’espèces !


Cette perte est un péril non imminent mais en cours ; en cours d’aggravation aussi ! Former les esprits, ouvrir les consciences, porter à l’attention des cœurs la tragédie de ce désastre est une impérieuse nécessité, dramatiquement pressante et que contrecarre la corrida de toute son apathie pour des êtres vivants ressentant exactement les mêmes choses que nous pour des raisons simplement anatomiques.


Non seulement cette éducation est absente des programmes scolaires et si rare dans les médias mais au contraire, c’est la corrida qui s’invite dans les écoles, à l’université et impose sa loi à toute la presse.


La presse locale est une véritable tribune publicitaire, qui assène inlassablement sa prose lyrico pathétique pour instiller dans les inconscients collectifs qu’ils sont les élus d’une élite artistico culturelle ; et un corporatisme plus loin c’est toute la presse nationale qui est contaminée par ce panurgisme collaborationniste en faisant figurer la corrida pour une activité banale, un loisir anodin, en proposant sans crier gare des images parfaitement insupportables au milieu du repas comme celles d’un match de foot, en passant totalement sous silence toute la contestation dont elle fait l’objet, en oubliant allègrement comme il s’agit d’une pratique illégale, tolérée de façon très certainement inconstitutionnelle !

Comment un crime en Auvergne peut-il être un loisir à Arles ?


En agissant ainsi, compte tenu justement du symbole parfait que constitue la corrida pour signifier et représenter tout le dédain de l’homme pour les autres êtres vivants, le jouir de leur sacrifice - ici plus directement qu’en toute autre circonstance - et son si intraitable et ravageur empiétement technique et intellectuel sur toute autre condition naturelle, dont la muleta est un étendard canonique - 1,5 kg de matière grise et un bout de tissu foudroyant 600 kg de muscle en quelques pirouettes - les journalistes font preuve d’une inconséquence démesurément gravissime, d’une portée incalculable, et d’une irresponsabilité écocide.


Car la position qu’ils occupent leur confère de fait un rôle de médiateur des valeurs, des savoirs, des éthiques et des champs d’expectative du progrès, et leur assigne donc aussi tous les devoirs qui s’y rapportent, y compris en particulier vis-à-vis des générations futures, cautionner ou même simplement ne pas dénoncer la corrida, qui véhicule tant de principes tellement nuisibles à la destinée de la vie sur Terre, est une faute impardonnable.


Qui sait s’ils n’auront pas à en répondre, à l’heure des bilans, à l’aune des grands écueils, devant leurs propres enfants ?

 

Intéressons-nous maintenant au psychisme des aficionados.


La question qui demeure, atterrante, interloquant  et éberluant l’esprit est : comment font-ils ?

Où se situe donc la fracture mentale ?

Qu’est-ce qui dysfonctionne ?

Qu’est-ce qui fait que, si beaucoup ne peuvent non seulement pas regarder une image de corrida - ou même éventuellement éprouvent une profonde peine à sa simple évocation - mais surtout endurent de sa seule existence une meurtrissure déchirante, un poids de honte et d’humiliation par leur soumission au diktat, et une colère sourde et bouillante impossible à étouffer, eh bien d’autres, à l’opposé, s’en font un loisir festif, un agrément spectaculaire qu’aucun questionnement ne saurait perturber, si énigmatiquement ?


http://imagineressources.linternaute.com/document/image/540/taureau-corrida-sport-frayeur-arenes-863185.jpg


Il y a plusieurs pistes pour explorer cette dichotomie.


L’animal torturé étant doté d’un cerveau identique au nôtre de par les organes présents, exception faite de l’épaisseur corticale qui nous alloue nos capacités cognitives, les ressentis  ont tout lieu d’être aussi exactement identiques aux nôtres, soustraits seulement au pouvoir d’être extériorisés verbalement.


Cependant, n’importe quelle personne digne de s’occuper d’un animal de compagnie sait comme ils peuvent exprimer émotions et douleurs ( et tellement au-delà : désirs, colère, chagrin, jalousie, perplexité, etc… ) et de plus en plus de gens ont des bovins au pré pour l’affection qu’ils y trouvent.


Il y a donc ce problème de sensibilité : considérer l’animal comme un sujet ou comme un objet dépend de la perception intime qu’on en a.


L’évolution a développé le sentiment d’empathie pour favoriser la survie des gènes, mais que ce soit en famille ou en troupeau, elle s’exerce à l’intérieur d’un cercle au sein duquel on peut s’identifier à l’autre.


Certaines personnes n’en ont pas du tout, ou encore seulement pour leur proches, incapables ainsi de s’émouvoir de la détresse même de leurs relations,  d’autres se limiteront à leurs amis ou collègues et ainsi de suite jusqu’au bout de la chaîne de l’altérité où l’on peut être affecté par le sort de tout ce qui a faculté de souffrir.


A l’évidence, inscrire les animaux – au moins ceux doté d’un système nerveux complexe – dans son cercle d’empathie ou pas est une distinction flagrante entre les deux mondes.


C’est pour cette raison que les anti-corridas radicaux peineront tant à se retenir de traiter les aficionados de nazis alors que ceux-ci percevront cette accusation comme une insulte inacceptable et grotesque relayant les premiers au rang d’excités inapprivoisables.


C’est que pour les antis, il n’y a pas de différence entre la torture d’un humain et celle d’un mammifère quelconque : c’est plus que la même démarche, mais également rigoureusement la même action ; d’ailleurs, curieusement si un reportage télévisé rapportait les images d’un mammifère torturé inutilement par la main de l’homme en toute autre circonstance que la corrida, la chaîne pratiquerait, sinon l’autocensure, au moins l’avertissement dissuasif aux "âmes sensibles ".


Or le contexte ne change rien à l’action et c’est bien le cœur du problème.

Mais réfléchissons à toute la portée de la thématique de compassion.


Lorsque des justes ont sauvé des enfants juifs, au péril de leur vie, d’un destin funeste ; lorsque des américains blancs se sont battus au champ d’honneur pour faire abolir l’esclavage, ou lorsque dans un bien moindre sacrifice des citoyens entament leur tirelire pour l’UNICEF ou les myopathes, c’est bien elle qui est à l’œuvre et elle est profondément altruiste en ce sens qu’elle bénéficie à des êtres dotés d’une certaine altérité : les justes n’étaient pas juifs, les abolitionnistes ne risquaient pas de devenir esclaves et les donateurs sont bien à l’abri de la faim ou du handicap.


Mais pourtant ils insèrent leurs protégés dans leur cercle d’empathie et ce faisant décrètent et déclament leur communauté avec eux plutôt que leur différence : « Vous êtes des humains comme moi et causer ou accepter la souffrance d’autres humains comme moi, c’est mal ».


Tout simplement. A l’inverse, pendant des millénaires, les hommes se sont fait la guerre, avec des hommes situés de l’autre côté de la frontière, parlant une autre langue, pourvus d’une autre culture et défendant d’autres intérêts, causant tout ce mal mêlant la chair au fer et au feu dans d'infernales litanies de hurlements sans fin sur des scènes de dévastation.


Mais aujourd’hui, les peuples ont atteint un tel niveau de connexité, d’échange de populations et d’informations – internet et le journal télé nous font traverser les océans instantanément – qu’ils nous mettent à l’abri de pareils cataclysmes avec nos voisins : l’altérité a disparu. Ou presque ; il reste toujours… d’autres religions, d’autres philosophies, d’autres régimes, d’autres modes de vie et … d’autres indifférences ( peu de gens dénigreraient aujourd’hui encore dans leur for intérieur que la compassion indescriptible des actionnaires milliardaires pour les déshérités du monde et de la vie est un funambulisme sur un fil du rasoir infini : autres mondes … ) et de fait il y a toujours des pays en guerre !



Alors cette distribution si disparate dans la population de l’étendue du cercle d’empathie, comment l’expliquer ?


Est-ce que la différence de sensibilité peut s’expliquer uniquement naturellement ?


Certains individus seraient alors moins pourvus que d’autres de la capacité de percevoir le ressenti d’autrui, dès la naissance ?


Ou tout serait-il affaire de vécu, d’expérience personnelle, d’apprentissage de l’autre ?


Et ne pourrait-il pas également y avoir des personnes qui intègrent parfaitement l’émotion des autres mais sans en être affecté du tout, ou variablement ?


Là encore, que ce soit génétiquement ( plusieurs allèles de mêmes gênes ) ou culturellement ou toute combinaison des deux explications : qu’importe ! Le résultat est le même : l’absence de compassion pour l’autre, le rejet dans son altérité au détriment de l’intégration dans une communauté d’état, voilà bien le substrat dont se nourrit le mal en soi !


Son fer de lance !


Et dans la grande communauté des êtres sensibles, placés au coeur, au bord ou à l’extérieur du cercle d’empathie selon qui et quand, il y a tant d’animaux ! Ceux qui n’ont pas notre intelligence, certes, mais ressentent exactement les mêmes émotions que nous.


Où se trouve précisément la frontière séparant ceux dits " sentients " de ceux qui ne peuvent pas éprouver d’émotions ( comme les coraux par exemple ) , nul n’en sait rien.


Mais personne ne songerait sérieusement à convaincre en affirmant que les artiodactyles ( antilopes,  cervidés, bovidés, camélidés etc… ) ne font pas partie des êtres sensibles à tel point c’est nier une évidence vétérinaire élémentaire dont chacun peut se rendre témoin si facilement.


http://www.ouest-france.fr/of-photos/2007/08/02/sige_corrida_2_20070801_apx_470_.jpg


Donc au bout de cette chaîne d’altérité des êtres qu’on introduit ou pas dans son cercle d’empathie, au sein duquel on n’accepte pas le mal qui leur est fait, se trouve effectivement l'animal sensible - dont fait partie le taureau - mais surtout c’est lui qui  personnifie le mieux cette même altérité, justement de par sa position extrême – qu’il doit essentiellement aux différences morphologiques et aux difficultés de communication - motif du plus fort rejet.


Or le mal en question, c’est précisément tout le déni de l’autre et le mépris pour son altérité qui font transgresser tous les interdits qu’on s’impose sinon vis-à-vis des membres d’une communauté à laquelle on s’assimile, avec tout le cortège de misère, de malheurs et de violence qui les accompagne.


Qu’ils découlent de l’ignorance, de l’éducation, de sa biochimie intérieure ou de l’instinct de survie n’a aucune importance.


Et ce mépris, précisément, est exactement celui qui exhale dans toute son expression et toutes ses conséquences au travers de la danse macabre de la corrida !

Et du mal, c'est précisément tout ce que s'ingénient et s'acharnent à faire au malheureux quadrupède tous les protagonistes de son agonie.


Toute la soi-disant grâce décrite par ces gens qui ont perdu en route Dieu seul sait comment et quoi de leur humanité, peut-être l'entendement, réside dans la pantomime servant à mettre le mieux en évidence toute la nullité de la bête à échapper à son destin, tout l'empire de son exécuteur sur elle et son sort, par l'économie maximale d'effort et  la proximité des corps, signifiant ainsi tout le mépris pour sa force inutile et sa piteuse naïveté.


En dépit des passes codifiées, qui contribuent à enfoncer l’animal dans son statut d’objet - proclamant ainsi son altérité - en faisant de lui un prétexte chorégraphique, les aficionados n’accepteraient jamais de le remplacer par un robot, ou les pointes par des velcros, confirmant par là toute la subconscience qu’ils ont de sa communauté : c’est bien un être sensible qu’ils soupirent de torturer à mort !


Alors parce que rien ne répand plus de mal que le mépris pour l’autre, et puisque rien ne ressort plus de la corrida que le paroxysme de ce mépris de l’autre poussé à son apogée, et comme rien ne représente mieux l’autre que l’animal sensible autre qu’humain, et enfin aussi parce qu’absolument aucune activité sur toute la Terre n’a strictement pour seul objet que de faire du mal à l’autre excepté uniquement la corrida, évidemment, il n’y a plus qu’un pas, et je le franchis avec gravité et sans aucune hésitation, pour affirmer que la corrida est sans conteste possible la meilleure représentation du mal absolu.


Ce qui a l'odieuse et abominable infamie de se réclamer bien immatériel de l’humanité n’est rien moins que l’actuelle meilleure description  matérielle du mal dans l’humanité !


Cet acharnement obstiné du plus fort à abuser du faible pour le faire souffrir sans raison et en le dupant jusqu’à le vider de toute vie, c’est tout le malheur du monde résumé en quelques gestes avec tout le sadisme de la sobriété épurée.


Et c’est des mille feux des ténèbres que brille le déguisement si mal nommé qui jette tant d’ombre au regard des amateurs en les aveuglant de la nature des actes qu'ils observent.

 

Parce qu’aucune des afflictions qu’ils endurent ne saurait mieux représenter toute la souffrance inutilement infligée aux animaux domestiques que la corrida et ses banderilles, parce qu’il n’ y a pas meilleur symbole que la tauromachie et son drapeau chargé de fer pour incarner l’édifiante et invincible manie destructive de tuerie impitoyable qu’exercent l’homme et sa supériorité technique sur toutes les autres formes de vie et enfin parce qu’il n’y a pas même non plus de meilleure incarnation et mise en scène du mal triomphant, qu’on délivre à l’autre et jusqu’à son extrémité juste parce qu’il est différent et plus faible que cette valse de la mort et son costume de bal, qui souillent la carte de mon pays du rouge qui macule les joues, je ne parviens pas à trouver le moyen de comprendre par quel mystère il puisse sembler vraisemblable que cette abjection inepte et répugnante qui défie tant l'âme et la raison ne soit pas encore depuis longtemps remisée aux oubliettes de l’histoire de la civilisation, au milieu des pages sombres.

 

Einstein, qui n’a jamais été trop considéré comme un simple d’esprit a déclaré : « Le monde est dangereux à vivre !

Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. »

 

Si vous n’acceptez pas la corrida, ne consentez pas à la corrida.

Ne soyez pas complice par votre silence. Renoncer à s’indigner lorsque c’est si simple, jusqu’où est-ce aller dans la faculté de s’incliner face à la folie ?

Si vous vous résignez là où il en coûte si peu de se révolter, à quel point pourriez-vous vous effacer devant tous les autres immondes ?

 

Si vous n’êtes pas indifférent, ne cédez pas à la paresse de vous montrer indifférent.

Ce n’est pas dans un monde conçu sur l’exemple de la corrida, triplement monstrueux, que vous voulez vivre, ne le laissez pas s’imposer malgré vous et s’étendre jusqu’à vos enfants. Ils n’ont rien fait pour mériter ça.

 

Je veux dédier ces réflexions aux taureaux morts dans la douleur et à ceux qui en mourront encore, pour l’ivresse de l’adrénaline et de la testostérone, sur l’autel de l’ignorance.

Qu’ils nous pardonnent d’être si longs à tourner la page de ce combat, si dérisoire par son outrecuidance, si important par son symbolisme, son enjeu et sa cruelle triste nécessité.

 

http://www.lepost.fr/article/2010/04/25/2047634_la-corrida-est-un-triple-symbole.html


http://k.mouhoubi.free.fr/monblog/wp-content/corrida_afb_1.jpg




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commentaires

S
<br /> La corrida est un RITE INITIATIQUE: elle est à vivre comme "son propre combat contre la mort" et cela seul le Torero le sait...<br /> <br /> Pour que l'homme vive la bête doit mourir.<br /> <br /> Puisque vous êtes dans les Landes pour un certain temps allez donc "apprendre" à voir des corridas; ainsi vous aussi serez initié face à la mort.<br /> <br /> Sujet TABOU s'il en est UN dans notre société à l'heure actuelle.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> j'habie les depuis 2ans les landes et je suis outrée et choquée par la joie que les gens resssentent à aller admirer la souffrance des taureaux, les magasins regorgent de vêtements de<br /> circonstances. jusqu'à quand va ton accepter cette barbarie.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Et si nos ancêtres n'avaient pas combattu les aurochs et ne les avaient pas vaincus, ni vous, ni moi ne serions ici aujourd'hui pour en parler aujourd'hui.<br /> <br /> N'OUBLIONS PAS NOS ORIGINES et rendons culte à nos anciens.<br /> <br /> <br />
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.
Nos ancêtres ne s'attaquaient quasiment jamais aux Aurochs, tu n'as absolument ocune conaissance sur le sujet à ce que je vois donc n'en dit pas plus . Et tiens le vaillant guerrier http://positivr.fr/torero-repenti-temoignage-alvaro-munera/
M
<br /> j'habite les landes ou ces horribles 'spectacles' sont trés présents, si je me suis habituée à la région je ne pourrais m'habituer à ces actes de barbaries. mais dans quel siécle vivons nous?<br /> <br /> <br />
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